mercredi 12 mai 2010

Un métier formidable... la suite

L'article posté le 23 avril dernier a suscité, vous l'imaginez, de nombreuses réactions. Bizarrement, pas sur ce blog où seul mon plus fidèle lecteur s'est manifesté... mais surtout dans ma vie professionnelle et relationelle. C'est qu'ils sont curieux, en plus. Car... oui, "ON" veut savoir. "ON" me demande de qui il s'agit et... pire (ou mieux, c'est selon), on m'encourage à la délation. La tentation est grande, c'est vrai. Et il paraît que c'est bon pour mon "avancement" professionnel.
Ca peut se comprendre... il existerait donc UN chroniqueur gastronomique qui oserait dire tout haut ce que la plupart n'osent même pas penser tout bas. De peur de perdre certains privilèges, sans doute. De voir se fermer certaines portes, grandes ouvertes depuis des lustres aux défenseurs qu'ils sont de la bonne bouffe et du bien vivre.
Et finalement... est-ce grave ? Sans doute pas. Rater une sauce, mal accorder un vin ou exagérer une cuisson ne sont pas encore punissables des travaux forcés à perpétuité. Mais se taire ne permettra jamais au chef critiqué (ici, au sens littéral) de s'améliorer.
Ceci dit... après lecture d'un autre blog assez côté, il me semble que je ne sois pas le seul à "tiquer" sur le menu proposé. D'autant qu'il s'agissait manifestement des mêmes préparations... !
Alors voilà, j'ai un peu l'impression de faire un "coming-out" mais mettons fin à ce suspense qualifié d'inutile : il s'agissait bel et bien du restaurant Le Coq aux Champs, à Soheit-Tinlot. Comme je l'expliquais dans le message précédent, je n'y ai pas mal mangé... mais j'attendais beaucoup plus d'un établissement possédent une telle renommée.
J'y retournerai un de ces jours, comme convenu, histoire de faire mentir le proverbe qui dit que "On n'a jamais l'occasion de faire deux fois une première bonne impression".
Et forcément, ce jour-là... on en reparlera !

dimanche 9 mai 2010

Restaurant Prêt-à-Goûter à Heusden-Zolder






On peut souvent comparer la fine gastronomie et la haute-couture : raffinées, sophistiquées, elles semblent inaccessibles au plus grand nombre et chargées de lourds secrets de mise en œuvre. Dior et Saint-Laurent ont inventé le prêt-à-porter… Geert Vandenhove a créé Prêt-à-Goûter.






Installé depuis trois ans avec son fils, en cuisine, et sa fille, en salle, il vient tout juste de récupérer une étoile au célèbre guide rouge, perdue lorsqu’il officiait à Hasselt. La cuisine semi-ouverte donne sur une salle très sobrement décorée, garnie de nombreuses photos anciennes et de murs aux tons bleus et blancs.






Accompagnant deux mises en bouche variant selon les humeurs de la cuisine, on dégustera pour commencer un Cava espagnol et sa liqueur de fruits rouges.







La première entrée étonnera assurément plus d’un convive ! Non par ses envolées gustatives qu’une première bouchée confirmera pourtant mais par sa déconcertante simplicité de présentation. Les noix de St-Jacques offertes en brochette sont moelleuses et saisies juste à point. Simplicité poussée à l’extrême, elles sont déposées sur un lit de jeunes pousses. L’ensemble est délicatement relevé, une caractéristique dominant tout le repas : le chef aime le poivre, les herbes en tout genre et la « verdure ». L’accord avec un vin portugais gras, aromatique et passablement inconnu dans nos contrées est tout simplement impeccable.






Une montée en puissance dans la préparation s’annonce avec la seconde entrée, tout en restant toujours « au plus près » de l’aliment. Le rouget légèrement pané est tendre à cœur, accompagné de fèves des marais et surmontant une fondue de tomates. L’ensemble offre des saveurs légèrement citronnées et parfumées d’herbes.






Avec l‘arrivée du plat, les choses sont désormais claires : le chef aime les petites assiettes. On ne parle évidemment pas des portions… Le chausson au poulet fermier cache bien son jeu, au contraire ! Sur un lit de chou vert à la crème, flanqué de petits champignons, le poulet – élevé par le chef Vandenhove en personne – est préparé à la façon d’une farce. Quant à la pâte feuilletée, un seul qualificatif pour la décrire : divine !






On accueillera enfin le dessert comme une dernière escale emplie de douceurs. Au programme : chocolat, moka et vanille onctueux en verrine, quenelle de glace tournée minute, coulis de framboise, biscuit croquant au chocolat. L’ensemble est harmonieux, doux, pas trop sucré. Il clôture un repas riche en saveurs, en simplicité et en générosité.





Texte publié dans Touring Explorer - mars 2010