samedi 10 mai 2014

L'Air du Temps...

On entre à l’Air du Temps comme on entre en religion, encore plus depuis que Sang-Hoon Degeimbre s’est installé (2013) dans son nouveau temple. La majestueuse  ferme en carré, servant de cadre à ses exploits culinaires de haut vol, est parée de ses plus beaux atours. Chef de file incontestable et incontesté de la gastronomie wallonne, « San » est un bosseur né empreint d’une certaine modestie. Il n’hésite pas, par exemple, à se remettre constamment en question pour peaufiner ses créations ou en sortir d’autres, encore plus léchées, de son chapeau. Parmi ses dernières réalisations, liées ou non directement à la cuisine, on pointe la plantation d’un jardin pour vivre en autonomie légumière (Benoît Blairvacq, ancien banquier, est devenu jardinier à plein temps pour le resto), la mise au point de conservation de ces légumes pour les utiliser tout l’hiver, la création d’eaux parfumées  - à mi-chemin entre la complexité d’un vin et la fraîcheur d’une eau, des nappes en cuir pour réduire le nombre de lessives ou encore l’ouverture de chambres au design tendance hyper soigné pour permettre aux convives de prolonger l’expérience. Côté cuisine, le double étoilé n’est pas resté à quai. Finis, les plats exagérément moléculaires : il n’en a gardé que les techniques et l’expression la plus pure. Certains de ses plats sont d’ailleurs une forme de retour à ses propres fondamentaux, comme l’excellent « Purple duck » qu’il décline depuis 2002 ou le pigeonneau de Waret dont il a l’exclusivité. Depuis quelques années et à la faveur d’un voyage là-bas, Sang-Hoon a découvert la cuisine coréenne de ses origines biologiques. Elle influence désormais aussi sa créativité, jamais en panne… pour le bonheur de tous les gastronomes ! Il est l’instigateur du collectif gastronomique wallon, Génération W.
5310 Liernu. Rue de la Croix Monet 2 - (Belgique).  +32 81 81 30 48. www.airdutemps.be

vendredi 4 avril 2014

L'affaire oubliée...

Pour une fois, cette aventure n'est pas gastronomique - loin de là ! - mais elle mérite largement qu'on s'y attarde... On ne parle pas, ou très peu et très succinctement, de la bataille de Gozée (août 1914). Elle a pourtant fait plus de 3 000 morts ! Philippe Wille dévoile ce combat meurtrier dans un ouvrage particulièrement bien documenté, aboutissement denombreuses années d'investigation et d'enquête approfondie dans les archives militaires de l'armée impériale. Car l'auteur a choisi de donner le ressenti selon l'angle des troupes allemandes, histoire de donner un éclairage nouveau. Un ouvrage qui fait la part belle à l'humanité des documents et à la minutie du récit ! "L'Affaire Oubliée de Charleroi" - Philippe Wille - éditions du Basson.


jeudi 6 mars 2014

The Circuit

Voici tout juste quarante ans, Nivelles accueillait son deuxième et dernier GP de F1 sur un circuit construit quelques années auparavant. Sur ce site reconverti en zone industrielle et commerciale, on trouve notamment un Ibis Styles et, juste en face, ce resto ouvert par Dominique Bernard en août 2013. Si l’assiette est très correcte (on y revient juste après), la déco poussée à l’extrême évoque le passé prestigieux de l’endroit. Les teintes rouge et noir et les damiers créent l’ambiance, comme les photos et les vitrines de voitures miniatures. On adore le plafonnier simulant le tracé de l’ancien circuit, les bouteilles de vin qui attendent sur la grille de départ et les tabourets de bar qui ne manquent pas de grip. Au panneau d’affichage, des suggestions qui plairont aux tifosi et aux fans de Romain Grosjean. On pointe sur la première ligne de la grille de départ un minestrone « comme là-bas » ou un « spaghetti aglio e olio » bien ficelé. Juste derrière, un poussin dodu avec sa sauce à l’estragon qui carbure au super et ses vraies frites au blanc de bœuf. Le tiramisu symbolise la rencontre tant attendue entre le spéculoos et l’amaretto… mais après ça, mieux vaut demander à Bob de rentrer le bolide au garage.
Avenue Robert Schuman 1 - 1400 Nivelles. Tel : 067 56 11 31. www.thecircuit.be

L'Estaminet de Joséphine

L’Estaminet de Joséphine a connu plusieurs vies. A l’origine, cette vénérable maison s’appelait « A la vue de l’arbre de Wellington ». L’établissement a été ouvert en juin 1904, le jour de l’inauguration du monument rendant hommage aux soldats français. Devenu plus simplement « Le Wellington » dans les années 1960, il quitta le giron de la famille fondatrice en 1993 pour devenir « La Tonnelle des Délices » et tomber dans un certain anonymat et une cuisine italienne fort peu en phase avec le site. Depuis 2013 et l’ouverture de l’Estaminet de Joséphine, on retrouve une cuisine plus en rapport avec ses racines et l’esprit de lieux. Aux commandes, Dominique et Catherine Bernard qui sont par ailleurs propriétaires d’autres établissements bien connus des alentours. A table, une cuisine savoureuse basée sur les plats mijotés, les belles pièces de viande et les abats de qualité. On a déjà vu ça ? Oui, sans doute au Bivouac. Cette adresse, reconnaissable par ses toitures torturées et son aigle imposant en façade, n’a pas survécu aux transformations du hameau en vue du bicentenaire de 1815. La même équipe, avec le fidèle Aldo à sa tête, a donc posé ses marmites dans les jupes de Joséphine, la première épouse de Napoléon Bonaparte. A l’intérieur, la déco est en adéquation parfaite avec l’assiette : nappes en vichy, boiseries, peintures d’une belle teinte aubergine et un tas de cadres aux murs avec de vieilles photos. On y retrouve d’ailleurs l’estaminet d’autrefois et son célèbre arbre… malheureusement disparu. On en oublierait presque de vous causer de la cervelle de veau, fondante sur la langue et flanquée d’une tartare impeccable. Ou des ris de veau délicatement croutés, harmonieusement mariés à des escargots goûteux et des frites extra fraîches. Clin d’œil de la gastronomie à l’Histoire, la carte propose aussi un poulet marengo et un sorbet façon Joséphine à la mandarine… Napoléon. On y retourne quand tu veux, même le pain y est délicieux !

L'Estaminet de Joséphine - route du Lion, 379 - 1410 Waterloo - Tél. 02 384 67 40. www.estaminetdejosephine.be

mardi 25 février 2014

Le Délice du Jour

Belle maison de bouche du sud de Charleroi, sur la chaussée menant à Philippeville et Couvin, le Délice du Jour est une adresse à retenir pour les amateurs de cuisine gastronomique et créative. On ne peut qu'être séduit par ces assiettes soignées, précises... même millimétrées et la justesse des accords de chaque assaisonnement. Le tartare de langoustines à la vanille en est un parfait exemple, la tomme de Gerpinnes travaillée à la crème avec sa pomme caramélisée en est un autre. Du côté des incontournables, le parmentier de queue de boeuf est justement... un délice sans nom, qui ne faisait qu'un avec un pinot noir des Coteaux du Giennois. On garde aussi un souvenir ému des desserts, dont un terrible ananas confit, mousse de banane, tartare de mangue et muscade. Le repas est accompagné de pains provenant d'une autre adresse recommandée de la région : La Dacquoise, à Gozée (Thuin). Ils sont proposés sur un chariot du plus bel effet.
Le Délice du Jour - chaussée de Philippeville, 195 - Gerpinnes. ✆ +32 71 21 93 43. www.le-delicedujour.be