samedi 4 octobre 2008

Restaurant La Brouette à Anderlecht




Restaurant La Brouette à Anderlecht




Parmi les adresses particulièrement discrètes dans cette partie de la région bruxelloise, La Brouette figure certainement en haut du classement. De même pour son chef-propriétaire, Herman Dedapper, qui malgré un parcours pour le moins élogieux, demeure loin, bien loin des feux de la rampe. Et pourtant… Jugez plutôt !

Agé de bientôt cinquante ans, Herman Dedapper est détenteur de nombreux titres et distinctions. Au nombre des plus prestigieux, on citera notamment : Premier Maître sommelier des vins de France (1982), Meilleur sommelier de Belgique (1983), Troisième sommelier du monde (1983). Professeur-conférencier au CERIA depuis 2001, Herman Dedapper est également à l’origine de la création du CEGO (Centre d’Epanouissement de la personne par la Gastronomie et l’œnologie) et organise à ce titre des conférences – dégustations et des cours de cuisine et de sommellerie.

Côté cuisine, justement, Herman Dedapper est propriétaire de La Brouette depuis 1990, établissement qui existait auparavant et qu’il reprend sans en changer le nom. Petit à petit, il élève son restaurant vers les sommets, jusqu’à atteindre une étoile au guide Michelin. Etoile qu’il conserve durant trois ans… et qui disparaît pour des raisons que seuls les responsables du petit guide rouge connaissent. Outre le vin et la cuisine, le chef est également un passionné de photo. Une passion qu’il vit au quotidien et fait partager à ses convives, la décoration de la salle étant revue de fond en comble toutes les six semaines : grandes toiles reproduisant les plats du moment alternant avec une décoration florale de saison, répétée à table. Véritablement attentionné, Herman Dedapper est omniprésent et virevolte avec énormément d’aisance entre l’accueil, la cuisine et le service en salle.

Proposant une cuisine du marché, le chef insiste particulièrement sur la synergie qu’il aime créer entre les différents ingrédients qui composent ses mets, mais aussi sur la véritable symbiose entre les plats et les vins. Il voue une passion sans faille aux petits viticulteurs travaillant avec soin et spécialement pour les vins du Jura, région qu’il apprécie faire découvrir à ses hôtes.

Ce n’est donc sans doute pas un hasard si le Menu Touring débute par un crémant du Domaine Désiré Petit à Pupillin. Il était accompagné à titre informatif de plusieurs verrines (cornet à l’escargot, tapenade de courgette et riste d’aubergines, parfait de saumon et croustillant de crevette).

La première entrée donne le « la » de la partition du chef d’orchestre. Elle se décline en deux présentations biens distinctes sur une même assiette et offre un mélange heureux de saveurs et de textures, un déjà bien bel exemple de cette fameuse synergie prônée par le chef. A ce propos, si vous pensez recevoir un simple « canapé » de pain de seigle classiquement garni, détrompez-vous ! Le seigle est disposé… à l’intérieur de la préparation. La tartarine de bœuf et de foie gras offre une agréable touche citronnée, le fenouil est délicatement croquant et le poivre rouge concassé ajoute la petite note piquante relevant l’ensemble. Pour accompagner cette symphonie de goûts, le chef propose un Rey Santo espagnol de la région de Rueda. L’accord est d’autant plus exceptionnel qu’on connaît les difficultés d’associer du vin avec du saumon fumé. Cet assemblage de macabeu, de malvoisie et de xarel-lo apporte la fraîcheur et l’acidité nécessaire ainsi qu’une sensation de gras évoquant le soleil.

Herman Dedapper annonce la seconde entrée en spécifiant que « la sauce fait le plat ». Etonnante, en effet, cette sauce poivrade habituellement associée au gibier pour accompagner un plat de poisson. Assez osé également, ce mariage avec un Côtes du Rhône rouge, plutôt puissant et parfumé. Mais la symbiose est toujours bien présente et l’ensemble présente un équilibre parfait. Le boudin noir de lotte est préparé comme un « simple » boudin de porc, à ceci près qu’il a été préparé avec du sang de poisson. Le rôti de lotte, très doux et peu salé, apporte le petit moment de douceur dans la dégustation de cette seconde entrée où domine une sensation poivrée en bouche et en arrière-goût.

Allant de découverte en découverte, le plat qui suit se déguste… à la cuiller ! Il se présente à la manière d’un risotto, dans un verre transparent laissant apparaître le mélange subtil d’ingrédients. Suivant les conseils du chef de mélanger dans une bouchée la feuille de vigne frite, le vieux parmesan, le tendre pintadeau et le boulgour, on obtient un mélange pour le moins agréable, subtilement truffé, légèrement souligné par l’amertume fine du chicon et, pour tout dire… amusant tant cette façon d’appréhender un plat est inhabituelle.

Quant au dessert, les mots nous manquent pour décrire cet agréable mélange de café, de pomme et de poire. Le coup d’œil est simplement magistral et mérite, à lui seul, le déplacement à La Brouette ! L’ensemble est peu sucré et, associé à un Macvin de la Fruitière de Pupillin (Jura), forme une… synergie que nous vous laissons découvrir.

- publié dans Touring Explorer, février 2008

Restaurant La Brouette
Boulevard Prince de Liège, 61
1070 Anderlecht
Tél. 02 522 51 69
http://www.labrouette.be/
Restaurant fermé le lundi toute la journée, le samedi midi et le dimanche soir.

1 commentaire:

  1. Merci pour cet excellent tuyau Bernard. Grâce à tes recommandations nous avons eu, Françoise et moi, une de nos plus belles expériences gastronomiques de ces dernières années.

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